Le numérique au service de l’éducation en Afrique de l’Ouest

bah1987guineegmail.com Par Le 09/03/2023 0

Avec Internet, la connaissance n’est plus réservée à une élite mais est dorénavant l’affaire de tous. De plus, une part accrue de ce savoir est disponible gratuitement, pour peu que l’on dispose d’une connexion Internet, et donc à la portée de chacun. Pour un enseignant, donner un cours en ligne permet d’avoir une audience décuplée et pour un étudiant, suivre un cours en ligne permet de choisir le moment privilégié pour s’instruire.

 Le forum Internet, un facteur d’interactivité

Internet permet aussi de créer un écosystème de collaboration entre enseignants d’une part, et entre apprenants et enseignants d’autre part, qui favorise la motivation et le partage de connaissances.

Hélas, en Afrique, l’accès à Internet est limité

En Afrique subsaharienne, l’insuffisance de connectivité constitue encore un frein majeur au développement des systèmes éducatifs. L’accès à Internet dans les pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) – estimé à 10.2 % au Niger et à 39.5 % au Sénégal – est en effet loin de la moyenne mondiale qui est à 56.7 % et des performances des pays d’Amérique latine et des Caraïbes évaluées à 68.3 %. Aussi, non seulement posséder un ordinateur ou une tablette est réservé à un nombre limité, mais l’accès au réseau de communication électronique haut débit disponible et de qualité reste tout de même assez préoccupant.

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Au niveau des établissements scolaires, seul le Sénégal dispose d’équipements informatiques adaptés avec 81 % des collèges équipés d’ordinateurs et 42 % disposant d’un accès Internet. La crise de COVID-19 a été révélatrice du retard observé dans ce domaine en Afrique subsaharienne : avec la fermeture forcée des établissements d’enseignement, près de 54 millions d’étudiants (48 %) en Afrique de l’Ouest et centrale n’ont pas pu bénéficier d’enseignements à distance ou diffusés, faute de plateformes et contenus disponibles, de terminaux (ordinateur) et de connexion Internet sur les lieux d’études ou à domicile. Les redoublements et exclusions du système éducatif ont alors augmenté, accentuant les disparités de niveau d’apprentissage.

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Même si la plupart des pays situés sur le littoral disposent d’une connexion directe à un câble sous-marin et permettent aussi aux pays enclavés d’y avoir accès, les infrastructures de distribution à l’intérieur des pays sont insuffisantes et instables.

Les zones reculées qualifiées de « zones blanches » nécessitent des coûts élevés d’investissement et de maintenance pour les opérateurs télécoms qui sont confrontés à des difficultés telles que l’absence ou l’instabilité du réseau électrique et une faible densité de population, au pouvoir d’achat réduit. Le service n’est donc pas disponible dans ces zones, privant ainsi une frange de la population.

Pour remédier à cette situation, il peut être envisagé la mutualisation des infrastructures essentielles (lignes de transport, pylônes, etc.) entre opérateurs ou le développement du partenariat public-privé pour soulager les États qui ont jusque-là supporté les coûts de maillage du territoire pour la fibre optique. Pour encourager le déploiement des réseaux dans ces zones blanches, les États pourraient accorder certaines facilités (exonérations de taxes) aux opérateurs.

Il faut également relever le défi du financement, qu’il soit privé ou public. Ici, les banques commerciales et les banques de développement ont un rôle important à jouer par la mise à disposition de financements adaptés.

Par Guy Mehou, Économiste Macro-Financier & Charles Millogo, Responsable de l‘Économie Numérique, La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)

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